Texte et images : Alizée Szwarc
25/02/2022
On y dit que la première montgolfière s’y serait envolée, que la révolution y aurait débuté. Située au coeur du 11e arrondissement, rue de Montreuil, la Cour de l’Industrie – la dernière de Paris – est veille de 167 ans. Dès 1850, on y construit une cité pour les artisans du bois, à deux pas du quartier historique de l’ameublement du faubourg Saint-Antoine. Au fil du temps, les corps de métier se diversifient. Les 6 000m2 d’ateliers sont investis par des artisans et depuis les années 70 par des artistes qui profitent de surfaces importantes et de loyers modérés. Sauvé de la destruction en 1991, l’ensemble de bâtisses est classé l’année suivante. La ville en devient propriétaire en 2003, permettant ainsi d’éviter un projet de vente qui aurait très certainement morcelé le lieu pour en faire des lofts. Aujourd’hui, la cour de l’Industrie sort de 6 ans de travaux initiés par la ville. Elle rayonne de beauté. Ses colombages et ses pavés sont intacts. Le charme d’antan n’a pas bougé. Menuisiers, sculpteurs, ornemanistes, plisseurs de tissu, facteurs d’arcs, plasticiens… Une cinquantaine d’artisans et d’artistes vivent joyeusement en communauté dans cet espace hors du temps. Nous y avons rencontré Sébastien, Mylène, Arianne et Hélène.
La cour de l’Industrie et ses artisans vous ouvrent leurs portes pour la journée, jusqu’à 18h.
Sébastien a 23 ans. C’est l’unique apprenti du 37 bis. Il travaille dans l’atelier d’Yves Fouquet, sculpteur et ornemaniste. De formation doreur à la feuille d’or, il parfait son savoir-faire de sculpture et de modelage sur bois. L’atelier est rempli de cadres destinés à des particuliers et des galeristes.
Mylène est chef coiffeuse / perruquière depuis plus de trente ans. Elle est arrivée à la cour de l’Industrie l’année dernière. Son métier consiste à concevoir et fabriquer des perruques pour le cinéma et le théâtre. En transformant les looks des comédiens, elle les aide à rentrer dans la vie de leur personnage.
Arianne est restauratrice de dessins, principalement pour le musée du Louvre. Très minutieuse, elle collabore au sein du département des arts graphiques pour améliorer les protocoles de restauration. Au 37 bis, elle travaille avec son mari qui est graveur et sculpteur (et propriétaire d’un lapin qui gambade dans son atelier). Elle s’occupe du tirage de ses oeuvres sur papier.
Hélène est artiste plasticienne. Elle a été dessinatrice, illustratrice – de pub notamment – et depuis qu’elle s’est installée dans son atelier, il y a de cela 28 ans, elle se concentre sur des travaux de peinture. Sa dernière série se veut engagée et rend compte de l’état du monde et de la guerre économique qui se livre actuellement. Au 37 bis, elle connaît tout le monde.