Baudelaire a eu une quarantaine de domiciles dans la capitale, de quoi faire blêmir Stéphane Plaza. Quarante adresses, autant dire qu’il a vécu dans à peu près tous les quartiers de Paris donc, la faute au rythme de vie qu’on lui connaissait. Un des plus emblématiques reste le Quartier latin, lieu de son enfance et de l’insouciance – il est né et a vécu ses jeunes années jusqu’à la mort de son père au 13, rue Hautefeuille. Viré du lycée Louis-le-Grand, il y fera ses premiers pas dans la vie de bohème, dans sa plus fidèle définition. Et y sera enterré ou presque, puisque sa tombe se trouve au cimetière du Montparnasse.
L’île Saint-Louis et le Marais
Autre quartier symbolique de la vie du poète, l’île Saint-Louis, où il occupa de nombreux logements. Parmi eux, le célèbre Hôtel de Lauzun sur le Quai d’Anjou, qu’il partageait entre autres avec l’auteur Théophile Gauthier et le peintre Ferdinand Boissard, chez qui se déroulaient tous les mois les séances un peu spéciales du Club des Hachichins. Il y résida deux ans et y écrivit notamment L’invitation au voyage, poème des Fleurs du Mal parlant d’un pays fortement inspiré de la Hollande… Un peu plus loin, quand on traverse la Seine, on trouve aussi la rue Beautreillis où vivait sa muse Jeanne Duval et où il vécut pendant le procès des Fleurs du Mal.
Le Cygne du Louvre
Que dire d’une balade matinale au Jardin des Tuileries, « à l’heure où sous les cieux Froids et clairs le Travail s’éveille » ? Pas plus tard que le premier métro, en gros. Baudelaire aimait passer du temps dans les jardins du Louvre, certains auteurs de l’époque ont témoigné de ses longues promenades. C’est ici qu’il imagina son Cygne, célèbre poème des Fleurs du Mal sur la modernisation haussmannienne de Paris : « la forme d’une ville Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel ». Et ça, c’était bien avant la piétonisation des voies sur berges.
Le Paris des faubourgs
Si le poète a écumé les tavernes du Quartier latin, il a aussi pas mal trimbalé son spleen rive droite, du côté des faubourgs Montmartre et Saint-Denis, actuels 9e et 10e arrondissements, quartiers sulfureux dans le Paris pré-haussmannien, réputés pour leur vie nocturne, leurs maisons de jeux ou de libertinage. Il y fréquentait de nombreux établissements comme la taverne Saint Austin au 26, rue d’Amsterdam, aujourd’hui devenue un hôtel, ou Le Peletier au 5 de la rue du même nom, café très fréquenté par les auteurs de l’époque comme Gérard de Nerval ou Théodore de Banville.
Pour les puristes, un colloque consacré au poète, avec pour thème “La pensée de Baudelaire”, aura lieu à l’Institut d’Études Avancées de Paris, du 11 au 13 septembre prochain.
Pour plus d’informations : www.paris-iea.fr
17, Quai d’Anjou, 4ème