Et si le paradis était un lieu dépourvu de tout déchet ? C’est en tout cas dans le 10e, dans la rue au nom du jardin d’Eden, que la première tentative d’espace de vie tendant vers le zéro déchet a été lancée mi-décembre. La mairie du 10e s’est donnée un an pour faire de la rue de Paradis un véritable laboratoire en matière de tri des déchets, mais aussi de sensibilisation à l’écologie de façon plus globale. Quels sont les enjeux et comment se déroule le projet ? On vous en dit plus.
Pourquoi la rue de Paradis ?
Une rue zéro déchet, une utopie à Paris ? C’est plutôt un véritable laboratoire qui va se mettre en place rue de Paradis dans le cadre la Feuille de route Climat du 10e. L’idée est de faire « un état des lieux des problématiques et d’expérimenter des solutions à l’échelle de la rue Paradis, représentative de la diversité du 10e« , explique la mairie de Paris. Pourquoi cette rue en particulier ? « C’est une véritable ville miniature. C’est très dense, il y a beaucoup d’habitants. La rue est étroite, les trottoirs sont petits, il y a une vraie réalité des contraintes pratiques dans une ville comme Paris. Certains immeubles n’ont pas la place d’installer des bacs à poubelles« explique Paul Simondon, adjoint à la maire de Paris chargé de la propreté. La rue compte 1 700 habitants qui seront invités à devenir acteurs et à participer à cette grande réflexion autour de la question du tri des déchets, mais aussi des habitudes de chacun.
Pour Loukia Bana, la coordinatrice de Zéro Waste Paris, association qui participe au projet, la diversité de la rue de Paradis est très intéressante pour l’expérience : « il y aussi bien des commerces que des entreprises, des restaurants, des bars, des logements sociaux ou des écoles. Chacun a des problématiques différentes à mettre en place en matière de déchet. » Chaque occupant de la rue va donc se voir proposer des solutions pour répondre à ces enjeux. « Ce projet s’inscrit dans le cadre du plan local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA). Il qui vise à réduire de 10% les déchets ménagers et assimilés entre 2010 et 2022, du plan Climat Air Énergie, et la feuille de route Économie circulaire de la Ville de Paris« , précise la mairie de Paris. Mais concrètement, comment cela se met-il en place et quelles sont les solutions apportées aux habitants ?
De nombreuses initiatives mises en place
Plan d’action local pour le changement climatique dans le 10ème © Mairie de Paris
Pendant un an, la rue du Paradis expérimentera des solutions et mettra en place des initiatives très concrètes pour être au plus près du zéro déchet. « Des groupes de travail vont réfléchir à des problématiques bien précises tout au long de l’année. Il y aura aussi des ateliers spécifiques. Certains habitants pourront notamment visiter un incinérateur pour comprendre le parcours des déchets. Les restaurateurs vont également, pour ceux qui le souhaitent, arrêter les pailles en plastique et aussi proposer aux clients d’amener leur propre contenant pour éviter les emballages plastique pour les commandes à emporter par exemple« , développe Paul Simondon. Des ateliers Do It Yourself seront également proposés tout au long de l’expérience pour apprendre certains gestes du quotidien qui tendent vers le zéro déchet. Comme le cours « Apprendre l’art de l’emballage en tissu japonais » qui évite les montagnes de papier cadeau chiffonné. Des composteurs vont également être mis en place dans certains immeubles.
Pour Léa Vasa, adjointe à la Maire chargée de l’économie sociale et solidaire, du développement durable, du suivi du plan climat énergie et du handicap : « les habitants deviennent moteurs dans leur immeuble. Le compost par exemple est très concret. Les gens s’en occupent ensemble et ça devient ensuite une ressource, ils peuvent jardiner grâce à ça ensuite. Il y a un vrai retour à la terre. C’est très enthousiasmant.« Dans une des écoles de la rue, un tri des déchets à la cantine a également été mis en place, et des ateliers de sensibilisation sont également proposés pour parler des déchets. « Les enfants discutent avec les agents de propreté, ça crée aussi du lien« , se réjouit Paul Simondon. Tout au long de l’année, les équipes de la ville et les associations discuteront avec les différents acteurs de la rue pour comprendre les enjeux et trouver des solutions adaptées. Et les habitants de la rue manifestent déjà leur motivation face au projet.
Des retours déjà positifs
Au lancement mi-décembre de la rue zéro déchet, beaucoup de riverains avaient fait le déplacement témoignant leur engouement face à cette démarche. « On a tout de suite senti une grosse envie chez les gens d’agir et de devenir acteur du projet. On reçoit des demandes spontanées comme par exemple des habitants qui se posent des questions sur le compostage. Il s’agit quand même de remettre en question son mode de vie. Donc nous sommes là pour les accompagner et faciliter les réponses« , explique Léa Vasa. Si bon nombre d’habitants de la rue de Paradis expriment leur enthousiasme, il reste toujours des sceptiques. « Il y a beaucoup de personnes concernées et motivées mais il faut aussi aller chercher ceux qui sont moins convaincus et aller discuter avec eux. Le but n’est pas d’être moralisateur et d’imposer des objectifs, mais de travailler ensemble avec les associations et les acteurs du projet », tempère Paul Simondon.
En janvier, des réunions avec des groupes thématiques vont avoir lieu et à la fin du mois, un programme défini sera publié sur le site de la mairie du 10e. « Tout au long de l’année, on va essayer de communiquer sur les résultats bien sûr. Le plus grand défi pour notre association est de mener cette action sur un an« , exprime Louka Bana. La rue de Paradis deviendra-t-elle un modèle écologique à Paris ? On le souhaite…
Pour tout connaître du calendrier des initiatives de la rue zéro déchet rendez-vous ici.