On imagine les Parisiens grands amateurs de vins et autres breuvages pour palais fins. Mais qu’en est-il réellement ? Dans une ville où tout est à portée de main et où tout va vite, consomme-t-on les boissons alcoolisées de la même façon qu’ailleurs ? Nous avons des éléments de réponses…
Des quartiers denses en bars pour étudiants
Derrière le comptoir – Pixabay
A Paris, tout est plus cher qu’en Province. Et l’alcool ne fait pas exception. Tristan, étudiant en école de commerce à Paris est un adepte des soirées alcoolisées. Pour ce sudiste d’origine, le choix des bars se fait en fonction de deux critères : les propositions de bières et les prix pratiqués. Avec ses amis, ils se retrouvent fréquemment au Diable des Lombards à Châtelet, un lieu « pas de prise de tête et où la pinte est à 5€ pendant les Happy Hours ». Mais aussi au Chouff’bar qui propose des « happy hours jusqu’à 22h » et à la Tireuse près du Panthéon où « on peut tirer sa bière tout seul ». « Il y a la Gueuse aussi, un bar de soiffard dans le 5ème, le seul que je connaisse qui fasse des réductions étudiants », ajoute celui qui est intarissable sur le sujet.
Seulement un bar pour 1 964 habitants
© Les Furieux
Cela ne fait aucun doute, Paris a de quoi contenter les amateurs de beuveries, notamment dans ses quartiers les plus fréquentés par les jeunes : Châtelet, le quartier Latin ou encore Bastille. Pourtant, avec « seulement » un bar pour 1 964 habitants (chiffre issu d’une infographie de Datamix datant de 2015), la capitale est moins riche en tentations qu’on ne pourrait l’imaginer. Surtout si l’on compare avec la ville de Rouen où l’on retrouvait en 2015 un bar pour 1404 habitants.
Les Parisiens, peu amateurs de bières
© Pixabay
La relativement petite proportion de bars, voilà ce qui pourrait expliquer les chiffres publiés en 2013 par l ‘INPES. Selon le sondage de l’institut, les Franciliens seraient moins consommateurs d’alcool que les habitants d’autres régions. Ils en auraient même une « consommation très modérée ». Les Franciliens seraient ainsi peu attirés par la bière et connaîtraient moins d’ivresses dans l’année. En cause d’après les spécialistes : la cohabitation en Ile-de-France de « populations culturellement diverses », dont certaines rejettent l’usage de l’alcool. De la même façon, la consommation quotidienne serait une pratique peu observée dans la région, celle-ci étant « plus le fait des populations rurales ».
Le 4e, l’arrondissement le plus arrosé le week-end ?
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Si l’Île-de-France fait figure de région sainte en France, Paris n’en reste pas moins une ville où l’alcool coule à flot, à l’image de nombreuses capitales européennes. Mais de façon différente selon les arrondissements d’après les chiffres de Kol, un service en ligne de livraison d’alcool, de vins, de bières et de spiritueux. Alors que la grande majorité des arrondissements y commanderaient principalement de la vodka ou du vin, le 11e aurait un penchant pour un alcool plus doux, le cidre. Et le 2e arrondissement pour le champagne. Autre conclusion tirée des ventes de Kol : tous les Parisiens ne boiraient pas au même moment. Le 2e arrondissement de Paris serait le plus gourmand en alcool en semaine, alors que le 4e serait celui qui passe le plus de commandes le week-end. Les soirées seraient donc plus arrosées qu’ailleurs en fin de semaine dans les appartements du Marais !
Le choix de la boisson alcoolisée, d’abord un marqueur social
© Le Moonshiner – Facebook officiel
Non loin de ce quartier, le célèbre Moonshiner accueille ceux qui préfèrent festoyer hors de chez eux. Comme tous les bars à cocktails de la capitale, cet établissement attire avant tout une population de buveurs gourmets. Leur préférence du moment ? « Il y a quelques années, c’était l’Apérol Spritz. Aujourd’hui il y a le Lillet limonade, un apéritif de vin blanc, et la Suze tonic », d’après le responsable du lieu, Martin. Un choix qui dépendrait beaucoup selon cet as du b« des effets de mode et des campagnes de publicité ». Preuve qu’à Paris, l’alcool a souvent fonction de marqueur social. Et le sans alcool aussi. Car Martin a beau travailler dans un bar à cocktails, il n’en reste pas moins spectateur d’une tendance parisienne « qui se développe depuis deux ou trois ans » : celle des bars à jus.
La grande tendance des dry bars
© Cozette
Les bars classiques proposent eux aussi de plus en plus régulièrement une liste de mocktails, des cocktails sans alcool autrefois réservés aux femmes enceintes. Mais c’est surtout l’ouverture d’un authentique dry bar dans le 17ème arrondissement en février 2016 qui a sonné l’ère des apéros non alcoolisés. Coffee shop le jour et bar à cocktails sans alcool le soir, Cozette est devenu le repère des sobres, passés en quelques années de « ringards » à ultra-tendance. Au placard le rhum, ici le cocktail signature est à base de tonic, fruit de la passion, citron et romarin. Et le concept fait des émules. Pour les nombreux adeptes d’une vie rythmée par le sport et les repas healthy, l’envie de se passer d’alcool semble grandissante.
L’alcool interdit dans 200 rues de Paris
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D’autant plus que la capitale comporte de plus en plus de lieux où la consommation est interdite. Cet été, plus question de boire le soir dans les parcs, sur les ponts et sur une bonne portion des quais de la Seine ou du canal Saint-Martin, au risque de se voir allouer une amende. Même les traditionnels pique-niques au rosé, si chers aux Parisiens, ne sont plus autorisés après une certaine heure. Entre Champs-Élysées, Champs de Mars, Bastille ou encore Saint-Germain-des-Prés, environ 200 rues sont également redevenues « sobres » il y a quelques années, par souci de sécurité. Les Parisiens n’ont pas d’autre choix que de s’adapter…
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération