Paris gagne du terrain vert. Aux côtés des jardins partagés et des serres, des fermes animales et florales investissent aussi le paysage urbain et donnent du souffle à la capitale.
Difficile d’imaginer le paisible square Alain Bashung autrefois occupé par des gamins accros à la colle et aux petits larcins. Sur les bancs alentours, les habitants du quartier de la Goutte d’Or profitent de cet après-midi calme et ensoleillé du mois d’août pour discuter en couple ou feuilleter le journal. Dans le bac à sable, un enfant d’environ cinq ans joue pendant que sa mère le mitraille en photos. Ils habitent à quelques encablures d’ici, à Marx Dormoy, et attendent que La P’tite ferme de la Goutte d’Or nichée au fond de ce terrain de 1500m2 ouvre ses portes pour les visites gratuites. Ce projet inauguré en octobre 2022, initialement emmené par l’association Les fermiers de la francilienne, est soutenu par la Mairie de Paris et l’association Espoir CFDJ . Une aubaine pour le voisinage qui a longtemps déserté cet ancien squat.
Sensibiliser à l’environnement
© Eva Sauphie – La P’tite ferme de la Goutte d’Or
Au milieu des barres d’immeubles, un petit enclos de verdure vient accueillir brebis, poules et lapins – des animaux signalés pour maltraitance et abandon – et même un jardin partagé entretenu par La Goutte Verte. Si on y découvre un olivier, un framboisier, un pommier, un néflier, de la citronnelle, de l’origan ou encore de la sauge, aucune récolte n’est à but commercial. « La ferme est jeune, il faut du temps pour développer ce type de concept. Pour le moment, c’est aux bénévoles que revient le fruit des cueillettes », détaille Fanny, l’une des rares salariées, qui a quitté le milieu des musées pour rejoindre un projet green à visée pédagogique.
La sensibilisation à l’écologie est en effet au cœur des missions de La P’tite ferme. Laquelle reçoit un public essentiellement composé de scolaires ou de personnes en situation de réinsertion officiant à l’éco-construction ou au jardinage. « Nous voulons remettre de la biodiversité dans l’environnement urbain », insiste Fanny. « Regardez, il y a des moineaux ici grâce à la présence de nos poules, alors que l’espèce est en voie de disparition à Paris ! », s’enthousiasme-t-elle.
© DR – Marie, bénévole à La Sauge de Bobigny
Même détermination chez Marie, bénévole à La Sauge, une société d’agriculture urbaine engagée située à Bobigny, sur le canal de l’Ourq. « Suite à la marche du siècle pour l’urgence climatique, j’ai eu envie de m’investir dans une action liée à l’écologie », glisse celle qui a rejoint l’association La fourmilière pour prêter main verte à l’équipe de l’ancienne friche. L’objectif de la pépinière : produire des plants potagers et aromatiques de manière écologique et responsable, avec des graines issues de l’agriculture biologique. « J’ai appris à repiquer de la moutarde, du chou de Chine, à semer du basilic, à désherber les bacs – toutes les plantations sont hors-sol », détaille la Parisienne de 56 ans qui n’avait aucune notion de jardinage avant d’adhérer au projet.
Réinventer Paris
© DR – Masami Charlotte Lavault dans sa flore urbaine
Se reconnecter à la nature et réinventer Paris, voilà la phrase qui revient souvent chez les green lovers citadins. C’est le cas de la floricultrice Masami Charlotte Lavault. Cette diplômée en design industriel a fondé Plein air en 2022, la première flore urbaine commerciale de Paris située au pied du réservoir de Belleville. Il faut passer le cimetière pour accéder à cette parcelle de fleurs de 1200m², mise à disposition par la Mairie de Paris suite à l’appel à projets Parisculteurs.
Le marché de la fleur est l’une des industries les plus polluantes au monde. Aussi, la Franco-Japonaise de 31 ans n’utilise ni engrais chimiques ni pesticides. « Je cultive toutes mes fleurs à partir de graines. Ce qui implique infiniment plus de travail que si j’achetais simplement des plants prêts à planter », explique-t-elle sur la page du projet. Formée à l’étranger dans des fermes florales spécialisées en biodynamie – agriculture biologique empruntant au mystique – Masami Charlotte produit en fonction de la saison une centaine d’espèces : bourraches officinales, capucines grimpantes, chrysanthèmes, roses trémières, bleuets…
© DR
Jusqu’au-boutiste, elle livre ses clients (fleuristes professionnels parisiens et particuliers) à vélo. L’agri-designeuse, comme elle aime se définir, organise des worshshops d’arrangements floraux et des promenades-cueillettes ouvertes au public via l’association Pépins productions. En attendant l’inauguration de la plus grande ferme urbaine au monde (14 000 m² !), qui ouvrira ses portes en 2022 sur le toit de Paris Expo Porte de Versailles, ces micro-concepts participent chacun à leur façon à la transition écologique de la ville.
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