Coffee-shops, bars, cantines, restaurants atypiques à Paris… de plus en plus d’enseignes affichent un diminutif ou appellatif joyeux. Des petits noms de la famille des hypocoristiques souvent formés de syllabes redoublées. Après les célèbres Glouglou, Jaja et Yoyo, virée chez les nouveaux restos aux noms de zozo. L’intention est affectueuse. Donner à son établissement un nom tiré du langage enfantin ou d’onomatopées loufoques relève davantage de l’attachement que de la folie douce. Une tactique lexicale qui inspire en tout cas de plus en plus les créatifs en même temps qu’elle faciliterait la mémorisation et fidéliserait le client.
Café Foufou
Café Foufou © SDP
Plus qu’un coffee-shop, le café Foufou fait cantine léchée, toute marbrée rose, habillée de chaises au style années 30, murs de brique ou pierre blanche où s’affichent en grand les messages “Love” d’Yves Saint Laurent. Rien de “foufou” dans l’ambiance, mais un nom facile que se refilent les voisins du quartier et les touristes “airbnbisés” du coin. À la tête de la maison, le patron du Café La Perle, Jean-Philippe Kighossian, fait confiance à son chef Christophe Rousseau pour bâtir une carte comfort food, à savoir des plats qui font du bien et beaux à regarder. Ouverture dès 8 heures, café Kivu dans le gosier – une exclusivité de la maison, un arabica made in Congo au goût de figue et de chocolat –, et plats de petit déjeuner servis toute la journée. Un peu cliché, l’avocado-toast fait l’affaire, le reste compile les recettes healthy à la mode, servies dans les gamelles : chia pudding rempli de fruits, de graines et de lait d’amande, pancake au bon sirop d’érable, scones faits maison ou pain perdu. En boisson, trois jus de fruits et de légumes pressés minute, du cidre sans gluten (tout est possible) et la bouteille de Ruinart (90 €) pour célébrer sa nuit passée ou la vie. Au vu de l’affluence, le service réduit manque parfois de souplesse. Meilleures places sur la banquette en velours au fond, ou au comptoir face rue.
10, rue Oberkampf, 11e, M° Filles du Calvaire.
Du lundi au dimanche de 8 h à 18 h.
Cin-Cin
Restaurant Cin-Cin © Hervé Goluza
Ancienne pizzeria des Grands Boulevards, cette trattoria italienne a trouvé le bon nom. Une invitation au soleil, à la joie de vivre, aux longues séances d’aperitivo. À l’évidence, rien de tout cela ici. Toujours en place, l’ancienne équipe, mal à l’aise dans son nouveau décor tout brillant, sert les mêmes pizzas qu’avant – franchement pas mémorables, et retombe dans ses travers. Pour les encourager, on y passe pour un Spritz géant avant le théâtre ou après. Une playlist kitch dans les oreilles – les cris de Loredana Berte pour se réveiller –, on s’amuse du décor signé Michael Malapert. Le décorateur, ex-équipe Starck, adepte des restaurants ambiancés (le Colonel Moutarde, boulevard Haussmann dans le 8e et son clin d’Il rigolo à Cluedo), a revu le décor en pensant à l’Italie, à la Dolce Vita et aux années 50. Un cadre joyeux, un bonbon pop aux canapés guimauve et lumières rose chamallow, habillé élégant et drôle, et où brillent en lettres lumineuses Cin-Cin. Le comptoir rappelle les kiosques de glaces à l’italienne, c’est kitch mais chouette. Le restaurant tient aussi sa terrasse fermée, pas si mal, et permet de se mettre à l’abri des foules hurlantes du quartier._
38, rue du Sentier, 2e, M° Bonne-Nouvelle.
Du lundi au dimanche de 10 h à 2 h.
Tél. 01 42 61 23 83
Baba
Restaurant Baba © SDP
Un nom généreux et chaleureux, et un clin d’œil au surnom des patriarches dans certains pays du bassin méditerranéen, voilà qui colle bien à cette nouvelle table du Marais. Bien aidés par leur studio d’archi, Rodéo Basilic, les patrons – l’un ex-DA dans la musique, Thomas Kolnikoff, l’autre ancien de la pub qui a passé sept ans dans la restauration à New York, Jean-Noël Prezal –, créent un nouveau QG pour artistes, touristes, gens de la mode et galeristes du quartier, terracotta des murs au plafond, avec comptoir en brique et chêne envoyant du soleil. Aux fourneaux, Liran Tirol, arrivé de Tel-Aviv il y a quatre ans, puis passé chez les meilleurs – Balagan, Mulko et Dersou – dévoile sa cuisine métissée, puisant en Grèce, au Liban, en Italie ou en Israël ses meilleures influences. Un menu resserré au déjeuner (œuf parfait gourmand au potiron, joue de porc rassasiante et pita à l’anis obsédante le jour de notre passage), et en soirée, des mezzés revus à sa sauce (falafels, tarama, merguez au citron), une série d’assiettes à partager (seiche grillée, agneau en trois versions et gnocchis de Galilée) et quelques douceurs rafraîchissantes. Aux puristes, la crème de mouhallabieh à la fleur d’oranger et cacahuètes sucrées, aux curieux, le Paris-Brest-Tel-Aviv, une version métissée de la pâtisserie française au sésame praliné, pâte à chou, figues et cheveux d’ange. L’œil grec bienveillant et porteur de chance envoie ses bonnes ondes, Baba a tout pour plaire._
17, rue Charlot, 3e, M° Rambuteau.
Du mardi au jeudi de 12 h à 14 h 30 et de 19 h à 22 h 30, le vendredi et samedi jusqu’à 23 h, le dimanche de 12 h à 16 h.
Tél. : 01 48 87 04 54.
Dai Dai
Restaurant Dai Dai © SDP
Rayon pizzas, pour manger bien il faut aller chez Dai Dai, « Allez, viens » en italien. Une langue et un pays que connaît bien le patron Thomas Fournier, ex-expat’ à Bologne pendant sept ans, inconditionnel de la pizza napolitaine et pro du triporteur. Sud Oberkampf, proche Bataclan, Dai Dai fait cette fois dans le dur et sort un décor à la mode, végétalisé plastoc mais vivant, alignant les tables hautes, offrant quelques places au comptoir, d’autres pour deux, ou pour manger en solo, l’ensemble rivé sur le beau comptoir central. Du four à bois disco sortent des pizzas tendres, garnies de bons produits d’Italie (énorme, la Spianata aux tomates et saucisson piquant calabrais), le Spritz a toutes les couleurs (mais mieux vaut viser le classique) et le tiramisu final ne souffre d’aucun rival dans le quartier, voire dans tout l’arrondissement. (Ah, Dai Dai fait aussi une pizza Dark Vadhor, avec pâte à l’encre de seiche, pas testée mais recommandée par la maison). Le bon esprit du service, la bonne playlist – de Wax Tailor à Drake, Trombone Shorty ou Britney Spears – et l’addition qui ne plume pas fait rappliquer ici les gens du quartier, les créatifs de l’agence 3e Œil au déjeuner comme à l’apéro. Affluence le week-end sans fil d’attente dehors, horaires larges et bonnes ondes générales._
25, rue Oberkampf, 11e, M° Oberkampf.
Du lundi au samedi de 12 h à 14 h 30 et de 19 h à 2 h, le dimanche de 18 h à 1 h.
Zouzou
Coffee-shop Zouzou © Luc Chalifour
Ce coffee-shop de Montorgueil, dont le décor industriel et scandinave marie le bon goût, a su tirer son épingle du jeu dans un quartier où se tutoient le pire et le moins bon. Derrière la façade bleue discrète, un nom joyeux et une propriétaire, Sophie Lambert, sachant soigner ses clients, des habitués pour la plupart, gens de la mode, rédactrices souvent, et touristes bien renseignées, fidèles à l’heure du déjeuner comme à l’heure du thé. On passe ici à l’aube, ou presque, jolie planque parfaite pour un rendez-vous d’affaires comme de cœur, et où se sert une formule à 10 € avec œufs, pain aux céréales de chez Terroir d’Avenir, beurre, miel, jus pressé et café. On croise souvent les mêmes au déjeuner, la maison propose une série d’assiettes végétariennes et souvent sans gluten (excellente et gourmande, l’assiette Zouzou aux amandes, aubergines, brocolis et graines de fenouil torréfiées). L’après-midi, passage en mode salon de thé autour du comptoir ou sur les banquettes. Tous les gâteaux sont ici faits maison. Le banana bread est une tuerie. Et certains Parisiens sont devenus obsédés du Furieusement chocolat, un gâteau tout chocolat, glaçage compris, tout bio et couvert de noix de pécan, d’amandes et de noix._
8, rue Léopold Bellan, 2e, M° Sentier. Du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h 30, le week-end de 10 h à 18 h.
Tél. : 09 65 26 57 71.
Et aussi
Mon Coco
Une expression de mamie, une marque d’affection et le “cocorico” français, voilà pour inspirer cette brasserie qui relève le niveau général de la Place de la République. Briqué à la mode, avec une large terrasse et un étage tout velours, Coco sert en continu jusqu’à 2 h du mat burgers, ceviche et caesar salad, les cocktails (le Whisky Sour Coco et le Negroni en premiers) font plus que l’affaire._
6, place de la République, 11e.
Du lundi au dimanche de 7 h à 2 h.
Tél. : 01 47 00 44 10.
Loulou
Le resto du musée des Arts décoratifs soigne ses intérieurs en hiver, ceux signés Joseph Dirand, avec vue sur Paris à l’étage. Cuisine italienne toujours de bonne facture._
107, rue de Rivoli, 1er. Tlj 12 h-15 h 30, 19 h-23 h.
Tél. : 01 42 60 41 96.
Fifi la praline
Une double syllabe pour un surnom, celui de Jean-Philippe Casteuble, spécialiste de la bonne praline en version artisanale aux noix de pécan, à l’amande ou aux noix enrobées de sucre et à la vanille._
10 bis, rue Taylor, 10e.