Après avoir lu deux très bons billets chez Bliss et chez Diane, je me lance à mon tour dans le compte-rendu de l’expo “Brune, blonde” à la Cinémathèque.
Une expo entièrement dédiée aux cheveux des femmes, ce n’est pas banal, et forcément ça intrigue : il est évident que la chevelure occupe une place de choix dans l’histoire du cinéma, mais de là à conceptualiser la chose…Alain Bergala, commissaire de l’expo, nous plonge dans cet univers capillaire en 5 chapitres, 5 salles thématiques :
1/ Le mythe ; la chevelure fantasmée, la brune, la blonde, la femme fatale, la femme joueuse, la star dont les cheveux savamment mis en scène couvrent les couvertures de magazine et hypnotisent les caméras.
Marilyn dans Les hommes préfèrent les blondes Kristin Scott Thomas joue avec une perruque
2/ Histoire et géographie de la chevelure, ou comment la blonde a été érigée au fil du XXème siècle comme le modèle de féminité absolue, et comment la brune a acquis lentement mais sûrement ses lettres de noblesse. Sur un mur couvert d’un grand planisphère avec un écran pour chaque continent, des images défilent et dressent le portrait de ces deux types de femmes à travers le monde. A la sortie de cet espace, on tombe sur l’origine de la fameuse sculpture monumentale “The Isolated Child”, d’Alice Anderson, une cascade de cheveux roux qui dégringolent le long du bâtiment. A l’intérieur, un cylindre couvert d’épingle renferme une minuscule poupée.
The Isolated Child The Isolated Child, détail
3/Les Gestes de la chevelure, superbe espace dans lequel la photographie est mise à l’honneur, aux côtés du cinéma. De somptueux mouvements figés côtoient ainsi les plus beaux gestes vus sur grand écran, les chevelures d’anonymes et de stars ondoient sous l’oeil des photographes et des cinéastes. L’extrait le plus marquant est sans aucun doute l’extrait de Gilda, dans lequel Rita Hayworth est tout simplement…hypnotisante.
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4/ La chevelure au coeur de la fiction : ici, beaucoup de vidéos, trois petits îlots où l’on découvre des séries thématiques : les rivales, le sacrifice, la métamorphose. L’idée est bonne, mais il n’y a que trois casques pour chaque mini espace et c’est un peu pénible de devoir faire la queue pour y accéder. Au final, j’ai adoré le mini documentaire sur le sacrifice, cet aspect est -je trouve- passionnant : une femme qui offre ses cheveux laisse une partie d’elle-même ; le cheveu qui survit à la mort, l’absence de cheveux vécue comme une petite mort, l’abandon de ses cheveux comme offrande absolue. Intéressant aussi, le cheveu métamorphose qui incarne les vertus les plus louable ou bien les pires présages, comme la fameuse Méduse ou de nombreuses représentations de sorcières.
Une étrange métamorphose capillaire
5/ Le cheveu matière : du mythe à l’entrée de l’exposition, on termine sur le cheveu dépouillé, privé du corps de la femme qui lui donne tout son sens. Le cheveu n’en reste pas moins fascinant, mais à la manière d’une relique ; difficile d’ignorer complètement l’aspect morbide de cet étrange objet qui a autrefois été en mouvement.
L’artiste Camille Henrot fixe des cheveux sur ses bobines de films
Bilan : si je suis d’accord avec les critiques unanimes sur la qualité de l’expo, je mets toutefois un petit bémol car en sortant j’ai eu l’impression de rester un peu sur ma faim. Mais finalement, je suis sortie avec une folle envie de me jeter sur les classiques pour les revoir à la lumière de ces découvertes capillaires…et une expo qui donne envie de poursuivre l’aventure, c’est une expo réussie, non ?
A ne pas louper, les deux événements qui accompagnent l’expo :
– Le prolongement virtuel , très réussi ! Je vous conseille l’interview du coloriste, c’est vraiment instructif !
– Le reportage sur Arte, réalisé par le commissaire de l’expo, qui sera diffusé le 25 novembre.
Alors, tenté(e)s ?