Il y a 1 000 raisons de se faire tatouer. Pour ces Parisiens de souche ou de passage, c’est l’amour et la fascination pour Paris qui a guidé l’aiguille jusque dans leur chair. Où qu’ils aillent, ils ont toujours avec eux cette carte postale qui leur rappelle ces mots d’Hemingway : “Paris est une fête”.
BRIAN : “Une cigarette, un verre de vin à la main”
Brian est américain et vit à Los Angeles. Il a passé la plus grande partie de sa vie aux États-Unis, alors quand il débarque à Paris pour ses études en 1999, il est surpris. On lui avait dépeint les Français comme étant peu accueillants et plutôt rustres. Il découvre au contraire un peuple qui s’assume, qui vit librement, pour qui l’amour et la passion ne sont pas tabous. Son tatouage raconte tout ça. Mais aussi un épisode en particulier. “J’avais 21 ans, je me baladais dans le Marais quand j’ai croisé le regard de cette fille. La plus belle que je n’avais jamais vu. Elle fumait une cigarette, un verre de vin à la main. Il fallait à tout prix que je l’aborde. J’ai volé deux fleurs jaunes de l’étale d’un fleuriste, je suis retourné la voir et lui ai dit ‘Celles-ci sont pour vous’. Elle m’a invité à m’asseoir, m’a tendu une cigarette. J’étais amoureux.”
IVAN : “Une vraie âme, un ciment culturel fort.”
Quand il débarque à Paris il y a un an et demi, Ivan atterrit chez Faustine, une jeune tatoueuse parisienne. Les deux collocs se retrouvent autour de cette passion, lui-même étant devenu professionnel dans l’art du tatouage et plus spécialement dans le dessin d’architecture. Lorsqu’il feuillette le book de sa copine, il tombe sur ce dessin. “Je me suis dit qu’il était vraiment génial. Qu’il allait bien avec mon goût pour l’architecture. J’aime aussi cette femme qui représente plein de personnes pour moi, et puis, Paris était à l’époque pour moi comme un port d’attache. Je commençais à projeter de m’installer définitivement et c’était un moyen d’ouvrir cette nouvelle page. Moi-même je tatoue souvent la ville, les gens aiment bien véhiculer une appartenance à Paris. Ici, il y a une vraie âme, un ciment culturel fort.”
CLARA : “C’est bizarre, je sais, mais j’adore le métro”
Clara – Pigalls © Ivan14
Où qu’elle soit, Clara garde toujours un œil sur le Sacré-Cœur. Pur produit montmartrois, elle y est née puis a grandi aux alentours du Moulin Rouge. À 32 ans, elle en est à son cinquième appartement, toujours dans le quartier. Et si son boulot l’entraîne quotidiennement jusque dans le 2e arrondissement, de là-bas, elle aperçoit toujours la Butte. Programmatrice du Rex Club, sa passion de l’électro aurait pu la mener jusqu’à Berlin, mais elle a préféré rester fidèle. En découvrant le travail d’Ivan14, le déclic est immédiat : “je suis tombée amoureuse de son travail. J’adorais l’idée de me faire tatouer ces deux endroits où j’ai grandit. J’ai commencé avec la basilique du Sacré-Cœur sur mon bras en avril dernier et quelques mois plus tard je lui ai demandé un dessin qui raconte l’histoire de Pigalle. Et je pense qu’il y en aura d’autres ! ”
FENEK : “Je n’y peux rien, dès que je la vois, je suis impressionné”
Ink & the City ©Fenek XIII
Après 35 ans de vie commune, Fenek a décidé de quitter Paris pour s’installer aux Pays-Bas. Une envie de changer d’air, de changer de vie. Il était hors de question pour lui de s’en aller sans embarquer avec lui un petit souvenir. Alors quoi de plus symbolique que la tour Eiffel ? Pourtant, il l’avoue, ce n’est pas son monument préféré. Lui est amoureux du Paris de Montmartre, plus intime, plus festif aussi. Mais quand son meilleur ami lui propose ce dessin, il lui parle immédiatement. “La Dame de Fer m’a toujours impressionné. De près, de loin, de jour comme de nuit, j’adore la regarder. J’aime son côté nu, cette structure apparente, cet aspect de squelette et son allure de femme élancée”. Il s’en est allé, mais Paris restera toujours sa ville de cœur. C’est là qu’il est né, qu’il a grandit et que vivent ses amis, dont celui qui l’a tatoué.